Pourquoi la psychothérapie sous psilocybine est-elle illégale en France ?

Pourquoi la psychothérapie sous psilocybine est-elle illégale en France ?

La psychothérapie assistée par la psilocybine, une substance active des « champignons magiques », suscite un intérêt croissant dans le domaine médical. Des études montrent que cette molécule pourrait soulager la dépression résistante, l’anxiété ou encore le trouble de stress post-traumatique.

Pourtant, son utilisation en France demeure strictement interdite. Pourquoi une telle interdiction alors que des pays comme les États-Unis ou le Canada assouplissent leurs réglementations ?

Réglementations légales de la psilocybine en France

Réglementations légales de la psilocybine en France

Le statut légal de la psilocybine en France repose sur une classification stricte. Depuis 1990, cette substance est inscrite sur la liste des stupéfiants, conformément à l’article L3421-1 du Code de la Santé Publique. Ce classement pour le statut légal de la psilocybine en France implique l’interdiction totale de sa production, de sa distribution et de sa consommation, sous peine de sanctions pénales sévères.

La loi française ne distingue pas un usage récréatif d’un usage thérapeutique. Cela rend donc impossible son emploi même dans un cadre médical encadré. En modifiant profondément l’état de conscience, cette substance peut provoquer des hallucinations, des crises d’angoisse ou encore des épisodes psychotiques. Le gouvernement considère donc qu’elle représente un danger pour la santé publique.

Toutefois, cette approche contraste avec d’autres pays. Aux États-Unis, la FDA (Food and Drug Administration) a accordé en 2018 le statut de « breakthrough therapy » à la psilocybine. Son potentiel thérapeutique a ainsi été reconnu. De même, en Australie, elle est désormais autorisée pour traiter certains troubles psychiatriques. Mais en France, l’État demeure réticent à modifier sa position.

Les raisons de l’interdiction de la psilocybine en France

Les raisons de l’interdiction de la psilocybine en France

L’interdiction de la psychothérapie sous psilocybine repose sur plusieurs facteurs. D’abord, son statut de drogue psychédélique suscite une méfiance historique. Associée aux mouvements contre-culturels des années 1960, elle est perçue comme une substance récréative plutôt que comme un médicament.

Ensuite, les autorités sanitaires évoquent l’absence de preuves scientifiques suffisantes concernant sa sécurité et son efficacité à long terme. Bien que de nombreuses études montrent des résultats prometteurs, elles restent limitées en nombre et en échelle. En France, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) exige des recherches plus approfondies avant d’envisager une autorisation.

Un autre argument avancé est le risque d’abus. Bien que non addictive au sens classique, la psilocybine peut entraîner une consommation non contrôlée si elle est mal encadrée. Les pouvoirs publics redoutent qu’une légalisation, même restreinte au cadre médical, ouvre la porte à des usages détournés.

Les perspectives d’évolution

Les perspectives d’évolution

Malgré cette interdiction, des voix s’élèvent pour réclamer une réévaluation du statut légal de la psilocybine en France.

En février 2024, la France a lancé sa première étude clinique en plus de cinquante ans impliquant une substance psychédélique. Cette étude utilise la psilocybine pour traiter les patients souffrant de troubles liés à l’usage d’alcool et de dépression. De plus, trois autres essais sont prévus en France pour tester le LSD et la psilocybine dans le traitement de l’alcoolisme et de la dépression résistante aux traitements.

À moyen terme, un assouplissement de la législation pourrait passer par une autorisation encadrée dans le cadre de recherches cliniques. Une telle approche permettrait d’évaluer les bénéfices et les risques de cette thérapie sans ouvrir la voie à une légalisation massive.